Chronique du 27 mars 1999

« Coup de poker sur le budget municipal », « Mortal Kombat », deux titres pour deux éditoriaux, pour résumer, dans la semaine du 26 mars au 2 avril 1999, le différend qui oppose, sur le plan de la gestion budgétaire, les deux parties politiques rivales, l’une à la tête du Conseil Général de la Collectivité, soutenu par le mouvement politique Archipel Demain et son organe de presse, Le Vente de La Liberté, l’autre à la tête de la Municipalité de Saint-Pierre, soutenue par son hebdomadaire, L’Echo des Caps.

Marc Plantegenest, successeur au Maire de Saint-Pierre, Albert Pen, a refusé, au bout de trois mois en tant que premier magistrat de la première commune de l’Archipel, de voter le budget, reprochant au Conseil Général de ne pas répartir équitablement les fruits de la diversification économique, plaçant ainsi le budget municipal en situation de déséquilibre pour un montant de plus de sept millions et d’une intervention impitoyable de la Cour des Comptes de l’Ile-de-France.

Les Conseillers municipaux de l’opposition, membres ou sympathisants de l’équipe au pouvoir au Conseil Général, lui rétorquent qu’il doit ainsi assumer les conséquences d’une mauvaise politique, orientée depuis le changement du pouvoir exécutif en 1994, vers une rivalité accrue entre les deux assemblées, le Conseil municipal ayant alors cherché à se comporter en Conseil général bis, son budget d’investissement passant de 14,3 millions de francs en 1995, à 51,1 millions en 1998.

Combat de chiffres, combat fratricide entre deux bords qui n’arrivent pas à surmonter leurs divisions stériles, combat angoissant oscillant désormais entre le ludique et le virtuel, pour une dure réalité où ceux qui en souffrent sont ceux que ces joueurs de poker menteur ou de jeu multimédia sont censés représenter.

Écran trop réel qui masque sans doute les effets de l’appétit du pouvoir dans une communauté insulaire.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 mars 1999