Chronique du 17 avril 1999

À Saint-Pierre et Miquelon, la démission de Philippe Séguin a surpris le sénateur RPR de l’Archipel et laissé indifférents, certainement, Serbes et Kosovars.

Mais, sur le théâtre des opérations gauloises, la rupture entre le Chef de l’Etat et le président du RPR peut-elle surprendre, si l’on se réfère aux amabilités échangées entre les deux hommes, propos rapportés par le journal « Le Monde » dans sa « Chronique d’une rupture annoncée » du 18-19 avril. (Vive l’anticipation sachant que j’écris cette mienne chronique ce 17 avril) ?
« La force de Philippe Séguin, c’est qu’il méprise Jacques Chirac. Le « grand con », dit-il. La force de Jacques Chirac, c’est qu’il ne croit pas en Philippe Séguin. « Caractériel », tranche-t-il. » (Le Monde).

Rien de tel pour souder une équipe, et l’on imagine aisément l’effet centripète de cet échange d’étiquettes si nos responsables locaux imitaient leurs hauts homologues métropolitains.

Et « Le Monde » d’ajouter que les petits déjeuners hebdomadaires qui réunissaient les principaux responsables du RPR autour du Président donnaient lieu « à des scènes d’une « violence inouïe. » »

La rupture ne peut donc en effet que nous surprendre, nous tous, les privés de café chaud, croissants et autres coups fourrés élyséens matinaux.

Refoulons notre surprise et notre frustration et résumons l’incident en disant que le retrait de Séguin symbolise la désunion du RPR, pendant que le Trait d’Union reste toujours le journal policé de ce parti à Saint-Pierre et Miquelon.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 avril 1999