Chronique du 20 avril 1999

Dans son numéro du 17 avril 1999, le Journal « Le Vent de la Liberté » accorde une place, dans sa revue de presse, à un article tiré d’une « revue de luxe hollandaise intitulée « Living » datée de février/mars 1999. »

Livrons-nous à un jeu tout simple qui consiste à deviner l’objet de l’article en omettant les repères géographiques essentiels, et pour cela, tenons-nous en simplement à l’introduction :
« Dès que le petit bimoteur d’… plonge au-dessus des bancs de nuages gris, surgit une petite ville-fantôme. Un assemblage de maisons en bois bariolées – jaune canari, rouge rouillé, bleu cobalt – baigne au milieu d’une éblouissante éclaircie. Le message « Bienvenue… » est inscrit dans le hall d’accueil de l’aéroport où patrouillent des gendarmes masqués de lunettes noires » et sans doute, comme le disait un chroniqueur célèbre, décédé depuis, la milice armée jusqu’aux dents, prête à bondir.

Fichtre ! Sommes-nous à Cuba ? Il paraît que le tourisme y prospère. Je dois donc me tromper. Sommes-nous alors dans quelque île caraïbe après un coup d’état ? J’en frissonne.

Mais, désireux de dissiper ton angoisse – ô lecteur atteint d’ insularité chronique -, je te livre l’intégralité de ce début de reportage hollandais :
« Dès que le petit bimoteur d’Air Saint-Pierre plonge au-dessus des bancs de nuages gris, surgit une petite ville-fantôme. Un assemblage de maisons en bois bariolées – jaune canari, rouge rouillé, bleu cobalt – baigne au milieu d’une éblouissante éclaircie. Le message « Bienvenue en France » est inscrit dans le hall d’accueil de l’aéroport où patrouillent des gendarmes masqués de lunettes noires. »

Ouf ! Nous sommes, comme le signale le préambule, sur un « petit bout de terre vraiment française », et comme le précise plus loin l’article, à « Saint-Pierre, paradis des pilleurs d’épaves », où sont « alignés une série de canons qui semblent terribles. »

Il paraît qu’on y trouve même un port de plaisance où flânent des gendarmes débonnaires aux couleurs bleu-marine. Mais c’est dans un autre article.

J’essaie, soudain, pour mieux comprendre, de m’imaginer arrivant une première fois à Saint-Pierre, en touriste, comme la journaliste hollandaise. Et si on s’y mettait tous, pour voir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 avril 1999