Chronique du 3 avril 1999 (2)

Un nouveau commerce vient d’ouvrir à Saint-Pierre et, une fois n’est pas coutume, on n’y trouve ni le dernier sachet de « french fries » surgelés, ni veste ni tailleur, ni pantalon de la dernière heure, ni pompes, ni ficelles, ni programme télévisé, rien de ce qui nourrit l’ordinaire du chaland.

Mais un peu de rêve, de frémissements, de sensations, pour échapper à la morne répétition du quotidien. « Top Musique » car nous avons la liberté de l’appeler par son nom, se consacre à la musique, aux instruments, aux tablatures et partitions, aux cordes et pieds de guitare, aux guitares et aux violons, aux CDs, à la chanson.

J’y ai vu avec bonheur disques de jazz, disques de blues, musique classique, chanson française, anglophonie et francité, groupes de rock et francs rappeurs.

J’y ai trouvé, comble de bonheur, le dernier disque de Desjardins, Richard de son prénom, celui-là même venu chanter un soir dans la salle de sports du Centre Culturel, faute de salle digne de son nom.

Alors que dans le centre de Belgrade les missiles de l’OTAN se moquent des guitares, j’ai entendu une voix en partance
« Et sur la nappe de toile
Tendue comme une voile
Un navire de paix »
M’a emporté.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 avril 1999

Richard Desjardins, Boom Boom, 1999