Chronique du 7 avril 1999

Un homme… une femme…, quoi de nouveau ?
Tel aurait pu être le titre de l’article signé Georges Poulet, Adjoint au Maire, dans le numéro du 2 avril 1999, qui préfère retenir un autre, un peu plus branché : « Un homme… une femme… Parité ou égalité ? »
Et l’auteur de s’attarder sur l’inégalité de traitement dont souffre la gent féminine, choqué par la volée de bois vert affligé par une bande de rustres à l’environnementale ministre Dominique Voynet.
« Qu’une personne de sexe féminin -(ministre au surplus) (à ne pas confondre avec ministre en surplis (curé de son état) ou avec ministre en surplus, comme c’est arrivé à plusieurs égéries des différents partis modernes -, soit insultée par quelques agriculteurs, gougnafiers et sexistes, dans les termes suivants : « Dehors, salope »… « Ordure »… « On voudrait te voir en slip déplumée comme tu nous déplumes »… « On va te faire la peau bourrique »… voilà qui est ignoble, voilà qui est une honte. »

Bon, j’opine.
Mais imaginons la même phrase au masculin :

  à l’oral, pas de changement, même pas dans l’intonation ;

  à l’ écrit, enlevez le petit « e » en surplus à « déplumée».

Cela pourrait donner :

Fred, Marc, Bernard, Georges, Albert, Victor, (prénoms volontairement empruntés à la représentation politique masculine locale, pour ne pas blesser inopinément un inconnu national, et chacun son tour pour que l’effet soit plus singulier) : « Dehors, salope » (mot unisexe, ndlr)… « Ordure »… « On voudrait te voir en slip déplumé comme tu nous déplumes »… « On va te faire la peau bourrique »… Serait-ce moins « ignoble », moins honteux, prosaïquement masculin ?

Heureusement, pour amorcer le changement, il y a depuis peu, signale l’auteur, « l’éducation et le brassage scolaires… afin d’établir les relations inter-sexuelles sur une base de respect réciproque », chose nouvelle, chacun en conviendra, depuis… Jules Ferry. Il faut donner du temps aux tempes, du temps aux tantes, du temps aux vamps, putain de bordel de merde ! (Je salue ma femme au passage que j’ai draguée en… terminale).

On ne progresse pas, conclut l’auteur qui se met à regretter les temps anciens. « Qu’il est loin le temps où le Roi de France se découvrait en passant devant une femme de chambre ! »

On aurait pu imaginer la conclusion suivante : Qu’il est loin le temps où le Roi de France, assis sur son pot de chambre, se découvrait devant les femmes.

« Quid leges sine moribus »… Que sont les lois sans les mœurs ? », latinise l’auteur.

« Quid leges sine morpionibus », ironise l’écho.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 avril 1999