Chronique du 8 avril 1999 (2)

Mais sur quel quant-à-soi notre sémillant ministre cocoricain Alain Richard campe-t-il aujourd’hui ? Pardonnez mon courroux ! Le gourou s’est gouré. Lui qui invité de Public, au moment du déclenchement des hostilités en terre yougoslave, écartait acerbe les doutes de ses contradicteurs, de la droite au parti communiste, persuadé que toute la Serbie allait se désolidariser de Milosevic sous nos bombes salvatrices ! OTAN en emporte le vent.

Au sortir de son dernier briefing, peut-on l’imaginer muté Préfet à Saint-Pierre et Miquelon ? Les phoques nous déclareraient la guerre et nous serions obligés de riposter. La mer serait houleuse, les éléments se déchaîneraient, nous retrouverions ravis les tempêtes d’antan. Nous construirions forteresses et tranchées, et ivres de succès, nous nous jetterions à l’eau, sans peur et sans bouée, persuadés de traquer les phoques dans leurs havres secrets.

Dans l’immédiat, restons fidèles à la devise ultramarine : pas de vagues… Et retenons notre souffle.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 avril 1999