Chronique du 8 avril 1999

En cette période où l’OTAN marine dans l’amère saumure yougoslave, il est rassurant de constater qu’un navire de la marine nationale ait le temps de faire escale dans notre port déprimé. Il a besoin d’être câliné le pauvre, lui que la mer et les morues ont abandonné.
Le « Berry » – et non le « béribéri » comme me le susurre mon inconscience irrespectueuse-, « bâtiment d’expérimentation, (en quoi, on se le demande, ndlr) effectuera une escale de routine dans le port de Saint-Pierre du 8 au 13 avril 1999 ».
Ainsi l’annoncent les « Affaires Maritimes » dans un communiqué paru dans L’Echo des Caps du 6 avril 1999- et non « L’Ecot des Capes », comme me le souffle la gueuse.

« À cette occasion, poursuit le poulet (en langage familier : un billet doux, vérifiez dans le Petit Robert), les familles saint-pierraises souhaitant inviter des marins du navire pour leur faire découvrir l’Archipel sont priées de se faire connaître auprès du Service Maritime… Ces invitations sont toujours très appréciées par les équipages des bâtiments de la marine française en escale Outre-Mer. »

Quelle ne fut pas ma surprise quand une égérie marine excitée par l’invite, me prit à l’abordage, sous l’emprise du besoin trop longtemps refoulé d’une mise en forme postérieure… de son inspiration ! J’aime la discipline, me dit-elle. Je leur ai envoyé ce pneumatique : « Je suis femme, je suis seule, je me pomponne, j’aime la flotte et les plats marinés. Mais de grâce : chez moi, si l’on tire ses bottes, il faut rester couvert. »

« Femme libre, toujours tu chériras la mer ! » (Variante paritaire d’un poème baudelairien)

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 avril 1999