Chronique du 26 juin 1999

Faisons le point de la « presse » écrite locale, avant que les jeunes filles en fleurs ne nous attirent vers d’autres pages.

D’abord, il y a L’Echo des Caps, journal édilique, tiré à 2500 exemplaires, 16 pages vendues au tarif de 5 francs. 1ère et 4è de couverture sont en couleur, le reste joue sur la bichromie.
Puis il y a Le Vent de la Liberté, journal du député local, tiré à 350 exemplaires, 8 pages en général, au tarif de 5 francs. Qualité d’impression inversement proportionnelle à l’importance de l’enjeu, mais fait avec les moyens du bord, comme dirait le capitaine.
Mais ce n’est pas tout. Citons également Radical Infos, l’organe des Radicaux de gauche en quête d’élection – eh oui, ça se peut -, aguichant le chaland à un prix identique. Puis il y a La Lettre du Conseil Général, tiré à 2200 exemplaires, tout en couleurs depuis son numéro 39, distribué gratuitement. N’oublions pas le “-”, (Trait d’union) la gazette payante du sénateur ultramarin. Et terminons notre tour d’horizon par Le Journal des Assurés, le bulletin de santé de la Caisse de Prévoyance Sociale, version noir et blanc pour voir la vie en rose, distribué gratos aux malades potentiels appelés à débourser.

D’abord, première constatation, les beaux jours s’étant fixés derechef sur nos mornes – c’est l’été -, toute cette presse va se tirer, vu que c’est les vacances. Preuve, s’il en était besoin, qu’elle colle aux mauvais jours, si elle n’y contribue. Donc, plus de journaux, ouvre les yeux, « ouvre la fenêtre qu’on respire un peu », comme disent les Charlots dans une chanson qui a bercé mes vertes années.

Profitons de ces deux mois de latence pour réfléchir, mais en prenant notre temps, vu qu’il n’y aura pas de presse. Quelle peut être la différence entre quelques feuillets qui s’affublent du doux nom de « Journal » et une « Lettre », au nombre identique de pages ? Est-ce la gratuité ? Mais alors, pourquoi la CPS utilise-t-elle le mot « journal » ? Est-ce par concession mutuelle ? Est-ce lié au mode de diffusion ? Il est vrai que nous recevons la production du Conseil Général par courrier, un peu comme des abonnés, mais qui ne paient pas d’abonnement, vu que c’est gratuit. Sauf que, si l’on y réfléchit, il faut bien que quelqu’un paie. Ce doit être le contribuable. Et le contribuable, c’est celui que l’on s’empresse de presser. Mais alors, L’Echo des Caps, c’est aussi le contribuable qui paie. Vu qu’il a bien fallu investir dans les nouveaux locaux et la PAO. On verse son obole deux fois alors. Tiens, je n’y avais pas pensé. Comme quoi il faut bien marquer une pause, de temps à autre. Vive les vacances.

Bon, avant de prendre son panard, faute de canard, sur la plage en chaleur, disons pour résumer qu’à l’instar du Journal des Assurés, on y veut certainement notre bien. Loin de moi l’idée de concevoir qu’il y ait la moindre volonté de nous faire avaler une quelconque pilule, fût-elle bleu Viagra. D’ailleurs les auteurs n’ont pas peur de s’afficher et le Journal des Assurés n’échappe pas à la règle vu que sur le dernier exemplaire, on y découvre le portrait de la présidente et du directeur ? Reconnaissons que toutes ces productions locales véhiculent systématiquement la tronche de nos hommes et femme (singulier pour femme) publics, pour un peu que nous soyons victimes prématurément de la maladie d’Alzheimer. Mais pardon pour cette longue digression -, car pour résumer, dis-je – et comme dirait l’autre, si c’est ça un résumé, préviens-moi quand tu vas faire un développement, histoire que j’aille me dégourdir le paf, vu que c’est l’été -, pour résumer – et je ne bégaie pas -, tous les journaux passent leur temps à s’entre-déchirer. Ce qui permet de gagner du temps avant de les jeter à la poubelle puisqu’on ne peut plus les lire.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 juin 1999