Chronique du 8 juin 1999

Ah ces lois policées de l’hypocrisie élective : on se félicite quand ceux qui ont quelque chose à dire commencent à la boucler. Tout va bien alors, pourvu qu’on ne dise rien, mais qu’on le dise bien.
Dany, le batailleur vert, doit surveiller sa parole. Les barreaux ne sont plus virtuels. La libre expression condamne à l’enfermement, et le langage surveillé, à l’ouverture. La liberté se met au vert, et l’écolo rentre dans le rang. Avec heureusement encore quelques parcours buissonniers.

Fi de ces lois stériles pour l’artiste sincère. Allez, je vous le concède, tout n’est pas vert et rose dans ce monde non plus. Mais il est des grands et Pierre Perret est de ceux là. Je vous conseille vivement son dernier CD, « La bête est revenue ». Il y est visionnaire, de ces visions qui ont de la gueule et qui vous en bouchent un coin, comme dans la chanson « Vert de colère » :
« Les blés les patates
Sont bourrés d’nitrates
On shoote aussi bien
Les veaux
Qu’les champions
Haut-niveau
On s’fait des tartines
Au beurr’ de dioxine ».

Alors, Dany, monte sur scène et continue de clamer ta colère. Sois vert de colère toi aussi, mais pas sous le tapis.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 juin 1999