Chronique du 20 septembre 1999 (2)

– Non, non, ne riez pas.

  Mais oui, mais oui. 360 millions pour une piste trop courte ! Le Boeing 737 d’Iceland pourra se poser, mais devra faire une escale à Terre-Neuve, pour repartir.

  Alors, l’avion part à vide de Saint-Pierre ? demande la journaliste de RFO à un responsable d’Icelandair, en ce lundi 20 septembre 1999.
La question m’époustoufle, m’estomaque.

  Il faudra faire une escale à Terre-Neuve (bis). Tout dépendra du nombre de passagers, du poids dans l’avion.
Conclusion : pour un vol direct Saint-Pierre-Europe, une solution : pas de passagers, pas de fret, et le désenclavement sera assuré.

Piste du porte-avions Charles-de-Gaulle, aéroport de Saint-Pierre-Pointe-Blanche, même combat. Faut rallonger, et la piste et le portefeuille. Faut dire qu’à Saint-Pierre, on se serait même gouré dans le positionnement d’équipements au sol allongeant ainsi le rétrécissement (si tu vois ce que je veux dire, sachant que moins par moins donne plus, donc moins, en l’occurrence, ce qui prouve que tout est relatif, surtout outre-mer).

Consolons-nous en nous disant que la sécurité est renforcée, tant avec le porte-avions qu’avec notre piste toute chaude. Mais je crains que le ridicule nous contraigne à un atterrissage en catastrophe. A force, la nature va se venger.

Tiens. Et s’il venait à l’idée d’un(e) journaliste de se demander comment on peut faire de telles conneries avec des sommes pareilles, histoire de se turbo-propulser dans l’audimat ? Car pour l’instant, et c’est un comble, la nouvelle piste a du plomb dans l’aile (faut dire qu’on l’a construite sur un lieu réservé, il n’y a pas si longtemps, aux chasseurs).

Et chacun de retenir son souffle.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 septembre 1999