Chronique du 21 septembre 1999

Un fidèle lecteur des Chroniques (Salut Robert) m’a dit un jour « tu devrais faire une revue de presse », parlant de la presse locale évidemment. Je crois que j’ai dû lui répondre (mais je résume) qu’il n’y avait pas de presse.
Aussi vais-je me racheter, sans pour autant m’être vendu, en répondant à son idée, me livrant à l’envi à une série de chroniques intitulée :
« Y’a pas de presse, ça peut attendre ».
Cette série sera exclusivement consacrée à la presse locale, archipellienne, comme dirait le Maire de Miquelon, avec qui, je l’avoue, j’ai le plaisir de partager ce néologisme.
Ce qui ne m’empêchera pas de regarder par-delà L’Horizon (presse miquelonnaise) pour mieux écouter L’Echo des Caps (presse saint-pierraise).
Irai-je jusqu’à abuser d’un Trait d’Union (presse… ?) pour vous donner Des nouvelles de l’Archipel (presse territoriale) ?
Bref, je prendrai tout ce qui me tombe sous la main, éventuellement sous les pieds, et à défaut sous les yeux, pour vous en glisser une à l’oreille, à condition que vous répétiez, car j’aime ce côté nuage de fumée qui transmet la nouvelle sans vous intoxiquer. Sans doute le dois-je à mes frères paléo-indiens, dont nous explorons jusqu’au moindre excrément les témoignages à l’Anse-à-Henry (pointe orientale de Saint-Pierre), où l’on allait en procession du temps où les catholiques savaient marcher (mais c’est moins intéressant, car plus récent).

En outre, (sans passer outre, même si j’outre un quelqu’un, mais certainement pas une quelqu’une car le pouvoir est entre les mains des hommes) histoire de me décentrer quelque peu, ce qui est normal pour un homme un peu gauche, je regarderai aussi du côté des news – c’est plus in -, au-delà de mon horizon souvent bouché (par la brume, j’insiste) en intitulant cette série complémentaire :
« Y’a pas de presse, mais ça urge ».

Ainsi m’efforcerai-je de faire un tour d’horizon (décidément, je me miquelonne – du verbe pronominal réfléchi se miquelonner, qui veut dire, se désaint-pierraiser, ce qui en fait un synonyme), mais de temps à autre, quand j’en aurai envie, ce qui peut me prendre aussi souvent qu’une envie de…

Dans l’immédiat, sache ô lecteur que Floyd (l’ouragan) s’est foutu complètement de nos îles en faisant comme n’importe quel touriste qui ne peut pas se payer Air Saint-Pierre : il est allé voir ailleurs.

Bref, Robert, tout ça, c’est de ta faute, mais il me fallait bien un émissaire qui ne porte pas de bouc.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
21 septembre 1999