Chronique du 25 septembre 1999 (3)

Enfin une nouvelle ! Et s’il te plaît, dans le numéro 769 de L’Echo des Caps, dont tu avoueras, cher lecteur, je fais la publicité gratuite. Elle figure en marge du programme télé hebdomadaire (qui vaudrait pour certains les 5 balles dont tu te fends pour l’obtenir). La new (singulier de news) remonte au 21 septembre. « RFO souhaite rajeunir son antenne en insufflant dans ses programmes « plus d’impertinence » afin de ne plus jamais être qualifiée de « télé-préfet », synonyme de télévision institutionnelle « un peu froide et guindée ». Telle est la volonté de son PDG, André-Michel Besse venu récemment sur l’Archipel, lors de la visite présidentielle.
D’où lui est venue cette idée que d’aucuns jugeront saugrenue ?
En tout cas, c’est peut-être pas gentil pour le comparé, mais nouveau pour le comparant. Elle formule un état antérieur à un postérieur qu’il s’agit de botter. Reste donc à élaborer une échelle de l’impertinence, à l’instar de celle de Richter, et de mesurer les tremblements – ou à défaut, les soubresauts – qui en suivront.
Et si l’onde de choc ne te parvient pas par le canal de mes chroniques insulaires et impertinentes, ô lecteur, c’est que je n’aurai rien ressenti.

Une question me turlupine. Si André-Michel Besse revient à Saint-Pierre, sera-t-il invité à manger chez des gens qu’il juge un peu froids et guindés ? Ne vient-il pas de cracher dans la soupe ? Est-ce là ce qu’il entend par « fonction civique essentielle » de RFO, la station ayant obtenu de l’Etat (nous l’apprenons quelques lignes plus haut), compte tenu de « sa situation particulièrement délicate » (Catherine Trautmann, Ministre de la Culture et de la Communication), « 44,3 millions de plus, soit une hausse de 3,5% pour total de 1,296 milliard de francs », dont on ne sait pas si cela concerne RFO tout seul ou l’enveloppe de l’ensemble de l’audiovisuel public ?

Heureusement que le Figaro (trop triste pour une noce), précise que le ministère attend un « important effort d’économie mis en œuvre par RFO ». Sinon on finirait par être impertinent et suggérer à Catherine Trautmann d’inviter André-Michel Besse à mieux digérer la pilule.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
25 septembre 1999