Chronique du 25 septembre 1999

Pour entrer dans le nouveau millénaire, l’équipe municipale au pouvoir nous propose dans le numéro 769 de L’Echo des Caps, de franchir le seul d’une arche qui sera implantée sur la place du (eh oui, toujours le même) général de Gaulle. Rien à voir avec l’arche belge, communauté pour adultes avec handicap mental, ou l’arche de Paris, association de bienfaisance pour personnes handicapées mentales adultes, ou l’arche du Canada, ensemble de communautés de vie pour personnes ayant un handicap mental, les vingt-trois communautés canadiennes accueillant selon des principes religieux des personnes ayant le handicap susvisé.

L’arche de Saint-Pierre sera une « Arche enjambée », (donc, pas d’hébergement possible) pour bipèdes pétant de santé dans la froideur d’une nuit d’hiver réchauffé par les feux d’artifice d’un 14 juillet trop humide, projet local faisant partie d’un « vaste programme initié par Mme Catherine Trautman, Ministre de la Culture qui a voul que (citons madame) « des portes apparaissent dans chaque commune comme le signe d’un pays qui se rassemble », sachant qu’à Saint-Pierre et Miquelon il n’y pas assez de portes, de citadelles doublement verrouillées, de chapelles aux portes à numéros virtuels codés, de discussions à huis clos, de portes à balayer, de chausse-trapes sous les seuils, de seuils du ridicule, de paillassons sur lesquels on a plaisir à se nettoyer les godasses.

L’arche enjambée sera en effet représentative d’un archipel où tant de seuils de portes ne mènent à rien, sinon à l’envie de les franchir en sens inverse pour prendre les jambes à son cou, au nom de cette « diversité » qui veut que si tu es plus de un à penser différemment, on te prend vite un fou qu’on prendrait plaisir à héberger dans une maison ad hoc. Type Arche de Paris, que pourront éventuellement visiter les heureux gagnants du tirage prévu pour tous ceux qui franchiront l’arche en cette nuit de la Saint-Sylvestre placée sous le signe de l’ouverture, l’essentiel étant, nous rappelle l’article « de construire un aven ir en commun dans un esprit plus fraternel ».Ah l’arche de la nuit, de la noye, de Noé où il suffira d’enjamber le bastingage ! Mais comme dirait Peter – que je me dois de te présenter un jour – puisque TrautMann franchit le pas, allons-y au galop. L’essentiel n’est-il pas que « l’Arche enjambée » marche ? Il vaut mieux ça qu’une mise au pas. Ne chinoisons donc pas, si la porte est sublime.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
25 septembre 1999