Chronique du 8 septembre 1999

En vrac

Journal de 20h sur France 2 – 7 septembre 1999-09-08
La Corse cherche à se séparer de la France, du moins si l’on en croit les indépendantistes, le premier ministre Jospin lui rend visite, on nous en fait une tartine.
Saint-Pierre et Miquelon réaffirme sa volonté d’être un bout de France en Amérique du Nord, le Président Chirac lui rend visite, le compte-rendu atteint-il la minute ?
La télévision reste sensible au chant des sirènes.

Le Président Chirac, dans un élan dithyrambique, loue les mérites de RFO qui rayonne dans l’environnement régional. Jusqu’à l’Île Verte ?

54 gardes républicains venus de Paris par avion spécial pour un passage en revue de… 5 minutes. Je ne sais pourquoi, mais l’adjectif « républicains » m’interpelle. Est-ce l’effet de ce déploiement de forces, disproportionné pour une île de 7 kilomètres sur 5 de large, pour une visite de quelques heures, alors que les Saint-Pierrais sont connus pour leur hospitalité naturelle ? Ou cette cour qui s’agitait au pied du prince, au Musée, lieu du présidentiel discours, avec, en arrière-plan, sans que le Président Chirac le sache peut-être, la guillotine connue pour avoir éventuellement coupé la tête de Marie-Antoinette (en fait un des deux exemplaires connus pour la même coupe, comme quoi il est des têtes difficiles à faire tomber) ? Est-ce l’effet de la foule qui se sera précipitée dans les rues de Saint-Pierre, masse de sujets pour une haie d’honneur, lui octroyant ainsi un accueil princier ? Quelle dîme faudra-t-il encore payer pour satisfaire à tous ces fastes de la République ? De la république ?

Statut. Ceux-là même qui l’ont concocté – avec d’autres, dont je (je vous en narrerai un jour l’histoire) – c’est-à-dire le Maire de Saint-Pierre, successeur d’Albert Pen, son mentor, le remettent en cause au nom d’un principe jugé par eux nécessaire d’assemblée unique pour gérer notre destinée. Je veux un changement itou, ajoute le Maire de Miquelon, soucieux de disposer de pouvoirs étendus pour sa commune. Pas question, dit le Président du Conseil Général, la répartition actuelle des pouvoirs est bonne, chacun devant assumer sa tâche. Le statut est bon, dit dans un premier temps le Président Chirac, tranchant ainsi la querelle. On peut concevoir des aménagements, précisera-t-il dans l’heure qui suit. Et ainsi s’enferre-t-on à nouveau dans des combats textuels, contextuels, sempiternels.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 septembre 1999