Chronique du 19 octobre 1999

Pour qui sonnent les cloches ?

Déménagement imminent des personnes âgées du Foyer Saint-Jacques, jouxtant l’hôpital dont la démolition est programmée, vers des apparts municipaux flambant neufs où tout a été prévu pour le confort desdits anciens (mes bien chers frères… et sœurs).

Mécontentement chez certains de ces derniers (ces dernières, disons-le compte tenu de la mortalité précoce chez les vieillards masculins). Objet de l’ire (voire du délire) : la distance sera plus longue (de quelques centaines de mètres) du lieu du culte. Esprit de chapelle, quand tu nous tiens !

« Le Conseil Général (ou Municipal) (rayez suivant les convictions) n’a qu’à payer le taxi ou l’autobus ». « Tiens, y’a qu’à acheter un autobus neuf », sinon on va leur sonner les cloches.

 Pourquoi pas une chapelle roulante, sur essieux, pendant qu’on y est ? risque de s’exclamer l’agnostique.

Et si l’on se rendait compte que rien « n’est jamais acquis à l’homme, ni sa faiblesse, ni son cœur » (parole d’un seigneur, un vrai). Si l’on se rendait compte qu’après tout – et ce malgré tous les défauts de nos hommes politiques, et Dieu, s’il existe, sait que je n’exagère pas -, une réelle attention est portée au sort de nos anciens. Sans pour autant aller jusqu’à la gâterie, ce qui serait une offense impardonnable, et difficilement supportable.

Bref, si l’on raison gardait – si possible – quel que soit l’âge.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 octobre 1999