Chronique du 26 octobre 1999

Gérard Grignon a voté pour le PACS (Pacte Civil de Solidarité) et il s’en explique. Il ne se sentait pas en phase avec la porte-parole de son groupe politique. « Les conceptions de Christine Boutin relatives aux faits de société me semblent être d’une autre époque et relever d’un sectarisme et d’une intolérance inacceptables », écrit-il dans son édito du 23 octobre dans le Vent de la Liberté.

Bougre ! Fichtre ! Les mots sont sévères. A part les « faits de société » que reste-t-il à l’homme politique (ou à la femme, son alter « ego ») ? Quel plaisir en effet quand les faits se reculent ?

Prenons-en acte, la décision a été courageuse.

Gérard Grignon tient à assurer sa position. L’avantage essentiel, c’est que le PACS permettra une « période d’essai », « avant de s’engager dans la voie plus sérieuse, plus définitive du mariage ». Avant, tout était con : mariages qui vous fixaient pour la vie, divorces qui vous excommuniaient, fiançailles où l’on se faisait tartir chez des parents trop tartes (salut les aînés). Ah ce temps « où les « promis » passaient de longues heures en présence des parents, supportant d’interminables banalités en osant, au mieux, s’effleurer les mains », avant d’effeuiller la marguerite ! Qu’ils étaient cons ces parents et que les jeunes de nos jours sont chouettes ! « Aujourd’hui, tout cela a changé. Les jeunes raisonnent, réagissent, se comportent autrement ». Avant, seul les tripes parlaient, préambule à l’avachissement d’une vie trop servile.

« L’essentiel étant de ne pas perdre de vue la principale des responsabilités : celle des enfants qu’il faut éduquer, préparer à la société de demain ». Priorité que ne manqueront pas de mettre en pratique les homosexuels qui faisaient partie jusqu’au vote de la nouvelle loi du gros de la troupe des exclus de notre saint système matrimonial, voué à la reproduction canalisée, les bénéficiaires étant « deux personnes physiques majeures, de même sexe ou de sexe différent ».

Dans cette affaire, il fallait bien mettre un jour ou l’autre le pacson.
Mais que ça fait du bien de savoir que l’avenir est devant soi ! J’ai tellement peur de faire partie d’un temps « pas si vieux ».

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 octobre 1999