Chronique du 28 octobre 1999

Essayons d’échapper aux strictes limites insulaires. Que je te livre une réflexion concomitante et subséquente à une lecture conséquente d’un ouvrage exhaustif à destination des étrangers désirant s’installer en France (référencé ci-dessous).

Mets-toi un instant dans la peau d’un étranger (c’est facile, cela concerne tous ceux qui sont nés en-dehors de Paris). Tu te fais des idées (c’est normal). Manque de bol, elles sont fausses (c’est con, non ?)

Allez, avoue-le, si je te pose la question : « Les Français sont-ils productifs ? », je suis sûr que tu penseras : non, peut-être, qui sait ? (si tu as des ascendances normandes), mais moins qu’un Américain ou un Allemand.

Eh bien, tu te goures.

Prends le P.I.B. (Produit Intérieur Brut) que tu divises par le nombre d’heures de travail de l’ensemble de la population active occupée (sais-tu qu’il y a des gens payés pour faire ça ?), tu obtiens la productivité, affublée d’un chiffre (forcément, puisque tu calcules, sauf qu’un homme politique calculateur obtient un siège, en sus).

Pour les Français (je passe sur les détails), en résulte le chiffre de 112 (contre 100 pour un Américain – ah ! la référence de l’oncle Sam ! – et 89 pour un Angliche).

Plus le chiffre est fort, plus on est productif. Donc, en France, on travaille plus, et mieux (je cocoricote).

Mais le comble (et je l’ai appris de mes lectures, comme dirait Xavière Tiberi qui en connaît un rayon sur la productivité), c’est que « plus on est productif, moins on crée d’emplois » (à la différence que je cite mes sources sans qu’on m’en prie). Et, comme tu le sais déjà (puisque tu es Français, donc sans doute au chômage ou étranger, parce que tu as fui la France), la France dans le peloton de tête (tu penses) des royaumes (notre prison n’est-elle pas un royaume ?) du chomedu.

Conclusion, pour créer des emplois, il faudrait travailler moins.

On a donc commencé à tirer les conséquences de cette conclusion en ramenant le temps de travail hebdomadaire à 35 heures. Manque d’assiette (pour changer du bol, à ras), si le PIB est toujours le même (ce que l’on espère) et que le nombre d’heures travaillées baisse (ce que l’on veut, personne n’étant supposé ignorer la loi) la productivité va augmenter (naturliche). Donc, on aura moins d’emplois, ce qui augmentera la diminution des heures travaillées (ce que l’on appelle une réaction en chaîne).

Voici venu le temps d’une mini-pause (avant de poursuivre le cycle).

Exemple.

Soit un PIB de 100 (chiffre fictif)
Et un nombre d’heures travaillées de 4 (pour une île, c’est beaucoup)
On obtient le résultat suivant : 100/4 = 25

Par conséquent :

Si le PIB est de 100 (chiffre toujours fictif)
Et le nombre d’heures travaillées de 2 (du fait de la loi)
On obtient le résultat : 100/2 = 50

Tu piges ?

Tu opineras donc si j’en déduis que la seule façon de s’en sortir est de baisser le PIB, en n’en foutant plus une ramée.

Exemple :
PIB : 50
Heures travaillées : 2
Résultat : 25

On sera tous au boulot, sans se fatiguer, et on sera plus nombreux à buller.

CQFD.

(Comme quoi, il faut toujours avoir un bon bouquin pour s’instruire, comme dirait la paire Xavière et Jean, le Maire, de Paris).

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 octobre 1999

Ouvrage cité (et conseillé) : European Graduate Opportunities, GO Editions
http://www.go.tm.fr