Chronique du 5 octobre 1999 (2)

Manifestation agricole à Miquelon le 4 octobre 1999 pour réclamer la réouverture de l’abattoir. Deux moutons (à quatre pattes) occupent la Préfecture, sur les talons de leurs quatre représentants (syndicaux) et, saisis par l’ambiance, manifestent leurs impressions en déféquant sur la moquette.

Ont-ils compris le sens de la revendication? Ne s’agit-il pas de les envoyer plus aisément et à moindre frais, « à ouest » (comme on dit ici pour l’enfer ou le paradis, selon les convictions) ? Jusqu’à présent, ils doivent se rendre à Saint-Pierre, le chef-lieu, ce qui est en soi un asservissement inacceptable.

  Libérez les moutons ! Libérez les moutons !

Les manifestants bêlent, les moutons se taisent, la mer moutonne et l’administration frissonne. Va-t-on, à Miquelon, se manger la laine sur le dos ?

  Y’en a marre de nous traiter par-dessus la jambe (de laine) !

  « Troupiau, troupiau, je n’en avais guère

  Troupiau, troupiau, je n’en avais biau », chantonne un quarantenaire perdu dans ses réminiscences.
Et tous de prier Saint-Pierre d’ouvrir le bas (de laine) pour réaménager le purgatoire à moutons.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 octobre 1999