Chronique du 9 octobre 1999

De plus en plus d’artistes se jettent dans la fosse aux lions de la politique. Souvenez-vous de Reagan, le cow-boy qui oublia une fois de dégainer, ce qui lui fit froid dans le dos. Arnold Schwarzenegger va briguer, nous dit-on, le siège de gouverneur de Californie. On risque là-bas de craindre plus le gouverneur que les tremblements de terre à venir. Mais le cinéma US n’a pas l’exclusivité. Prenons l’Italie, par exemple, avec la Cicciolina, la star du porno, qui n’hésitait pas à afficher qu’elle prenait ses électeurs pour des glands. Au moins avait-elle un programme plus dépouillé et plus affiché que l’illustre érotomane (erotoman, en angliche) de la Maison Blanche (mais pas vierge), le Gland suprême, j’ai nommé Billy, le Clintonien.

Bref, le cinéma pousse-t-il à la politique ou la politique pousse-t-elle au cinéma ? Tel pourrait être le sujet de culture générale de Sciences po., chacun ayant la grande satisfaction de la déculottée possible, sur une scène ciccciolinienne, ce qui compenserait le manque de pot.

Bref, la scène politique (celle pas occupée par les acteurs, mais par les faux) serait-elle envahie de gens frigides, chiants à souhait, pour que l’électorat se tourne vers des candidat(e)s à loilpé, le pendant de la Cicciolina étant, n’en doutons pas, attendu par les femmes, histoire de voir la bourse remonter, en cette période de grande spéculation ?

On s’attend à une noria d’experts se penchant sur la question sur les plateaux télévisés, en fonction de la tradition qui veut que, lorsqu’il y a un fait qui jaillit de quelque part, il y a toujours un éminent spécialiste de la question qui s’introduit pour nous pomper l’air.

Et l’insularité ne nous protège de rien.
Même pas du cinéma.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 octobre 1999