Chronique du 14 novembre 1999

« Le « Yellowtail » ! Vous connaissiez ? Moi non ! En tout cas, pas avant la deuxième session de l’OPANO en septembre 97 où j’ai eu l’honneur de conduire la délégation française. » Ainsi le député débute-t-il, dans le Vent de la Liberté du 13 novembre 1999, un argumentaire léché sur les difficultés rencontrées à Bruxelles pour faire reconnaître les droits de pêche sur une espèce que l’on capturait avant 1979, sans savoir de quoi il s’agissait.
« Personnellement, je l’ignorais, certainement comme beaucoup d’autres, mais il s’agit d’un poisson plat dont le nom français est Limande à queue jaune, espèce proche du carrelet. » En anglais, « Yellowtail ».
Qu’importe la langue de Molière ou de Shakespeare (illustres personnages connus pour avoir détourné la langue à leur profit), l’antériorité de la pêche détermine la reconnaissance du droit à la postériorité.
« Evident et logique, peut-être… mais pas si facile. En effet, la délégation européenne s’oppose à cette rétrocession. »
Parmi les raisons invoquées, la France aurait dû demander la restitution de ce quota « lorsqu’en 1985 Saint-Pierre et Miquelon est devenu Collectivité Territoriale, ce qu’elle n’a pas fait. »

  Et pourquoi ?

  Je vous le demande.-

  Parce qu’elle ne savait pas que le Yellowtail existait.
Conclusion : si notre député avait su que la Limande à queue jaune se dit « Yellowtail » là où elle crèche, on n’en serait pas là.

Imaginez le tour qu’aurait pu prendre l’Histoire si nos ancêtres n’avaient pas su comprendre que la « tierra de baccalaos » était le paradis de la morue.

I’m a poor lonesome sailor…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 novembre 1999