Chronique du 22 novembre 1999

Ah l’heureux temps de la férule, des coups de baguette sur les doigts, des paires de claques sainement éducatives pour enfants trop rétifs assenées de mains de maîtres par des adultes intouchables !
Point de bêtises alors, un monde parfait, tout au plus agité par quelques débordements convulsifs sur le Chemin des Dames ou sur les plages de Normandie. On s’occupait de la jeunesse, de la vie à la mort, et le plus tôt possible.
Aujourd’hui, l’adolescence n’en finit plus, avec ses convulsions, ses soubresauts et ses révoltes, du moins sous le regard des adultes pétris de certitudes et d’assurances. Mais sait-elle encore se révolter, cette jeunesse ?

Trois jeunes font une connerie. Amarres lâchées du Maria Galanta. Haro sur les pestiférés, la population est « outrée ». (Ah bon ?) La connerie est jugée, mais cela ne suffit pas. Encore ! Encore ! crie la foule virtuelle (car on ne la voit pas). Il faudra rejuger ces gibiers de potence. Et comme dit en sus le rédacteur en chef de l’Echo des Caps, dans le numéro du 19 novembre 1999, « quelque part, il y a des coups de pied où je pense qui se perdent… » Ah ces diables de jeunes, qu’ils aillent aux enfers et débarrassent le plancher des anges !

Mais que fait-on pour prévenir, pour animer les îles, pour insuffler la vie ? Saint-Pierre et Miquelon s’endorment dans la morosité de l’automne et des vies cloisonnées.

(Et si les adultes avaient leur part de responsabilités dans la dérive des jeunes en les vouant pieds et poings liés à la sévérité des juges ?) Fermons la parenthèse.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
22 novembre 1999