Chronique du 13 décembre 1999

Les saisons étant complètement bouleversées, il est normal de voir éclore soudain de nouvelles feuilles. Ainsi en va-t-il d’un nouveau trimestriel de la Section locale intitulée « A l’échelle humaine. »

Une page et demie est consacrée à expliciter la démarche. Il s’agit d’échapper, dans une aussi petite communauté que la nôtre, à la diabolisation excessive des politiques, chaque comparse s’auto-sanctifiant en vouant l’autre à la géhenne pour expier ses fautes en roue libre dans les souffrances éternelles.

Souci louable puisqu’il s’agirait désormais de prôner le débat d’idées et non le choc des enveloppes charnelles qui les habillent.

Sauf que l’auteur s’évertue à expliquer que si nous en sommes arrivés là c’est à cause de… Gérard Grignon qui « se présentant comme le chef de file d’un mouvement local regroupant des militants de toutes les sensibilités » a étouffé la réflexion politique en condamnant tout un chacun « à la caricature de l’adversaire politique » Et c’est ainsi qu’ « Albert Pen a été comparé à Idi Amin Dada », victime de cette déviance à laquelle, si l’on suit la démonstration de l’auteur, le comparé n’aura lui jamais participé.

Occasion de déplorer que, malgré tous les efforts d’apparence vertueuse, la politique, dans ce type de démarche, reste, et restera la volonté de démontrer la justesse de quelques a priori.

A moins qu’on ne s’obstine à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Auquel cas nous ne souffrons pas de défaut d’éclairage.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 décembre 1999