Chronique du 4 décembre 1999 (3)

Le Préfet de Saint-Pierre et Miquelon, nouveau Maître Jacques, comme dans l’Avare de Molière où l’ardent cuisinier réussit à mettre les belligérants d’accord sur des bases pipées, jusqu’au moment où ils se rendent compte qu’ils ne sont d’accord sur rien ?

Le conflit de la pêche rebondit en ce samedi 4 décembre 1999.

  Nous avons trouvé un compromis, déclarait le Préfet à l’issue de la viso-conférence de vendredi.

  Il est allé un peu trop vite dans ses conclusions, de déclarer le porte-parole de la Société Nouvelle des Pêcheries de Miquelon.

Le marché de vendredi soir était donc un marché de dupes et la visio-conférence un simulacre de dialogue. Les salariés de la SNPM manifestaient leur mécontentement devant la représentation préfectorale dès le samedi matin. Mais de violence, point. Ultimatum était fixé toutefois. Que le préfet rende à Miquelon son autorisation de pêcher les 200 tonnes réservées à la pêche artisanale avec un bateau canadien.

Dérision des luttes gadidéennes qui ont vu s’opposer le Canada et la France, Saint-Pierre et Miquelon et le Canada, Saint-Pierre et Miquelon et la France et aujourd’hui Saint-Pierre et… Miquelon !

Ainsi meurt le peuple de la pêche « tué par la grosse industrie siphonneuse d’océans. Peu importe son drapeau. » (Pol Chantraine, La dernière queue de morue, L’Etincelle Editeur, 1992 – derniers mots de l’auteur)

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 décembre 1999