« Où va l’Archipel ?», titrait l’Echo des Caps du… 8 octobre 1999.
Suite au conflit musclé opposant Préfet, Affaires maritimes, salariés d’Archipel SA et SNPM (société basée à Miquelon), m’est-il paru intéressant d’en relire l’éditorial d’Albert Pen, conseiller municipal économique et social (le tout en un).
Déplorant un avenir tracé « au coup par coup », il attire alors l’attention sur le problème de la pêche. « Quelle ligne politique suit-on dans ce domaine, sinon celle du « chien crevé au fil de l’eau » ? On accorde des aides à chaque nouveau venu, sans que soient définies réellement, ni les possibilités de pêche pour chaque espèce, ni les zones pouvant être prospectées en fonction de la taille des navires. Je sais bien que les sacro-saintes règles de la concurrence règnent ici comme ailleurs (encore que ce ne soit pas vrai pour tout le monde…) mais il faudrait tout de même se préoccuper de ne pas « laisser faire, laisser aller » au risque de voir des entreprises se couler les unes les autres. Les produits de la pêche sont devenus trop rares pour permettre des prédateurs trop nombreux… »
On va tous se faire bouffer, à Saint-Pierre comme à Miquelon, tempêtait un syndicaliste hors de lui. Et l’incompréhension de s’installer entre les salariés des pêcheries désormais rivales. Cruelle lumière sur une analyse prémonitoire qu’il est bon de rappeler, sans sombrer, cher lecteur, dans la déification. Mais inclinons-nous quand l’envie nous prend de tirer le chapeau.
Qu’il est facile aujourd’hui de dénoncer la fièvre syndicale ! Qu’il est bon de tancer les comportements déviants trop voyants ! Mais qui sont les dupes aujourd’hui des parts de marché distribuées hier ?
Est-il permis alors à l’homme de la rue de tancer à son tour ceux qui auront préparé cette exacerbation par manque de vision ? Non à l’auto-flagellation ! réagiront les concernés. Noyons à nouveau le poisson ! ajouteront-ils de plus en plus cernés.
L’horizon se dégage, s’obstine à colporter l’apôtre des lendemains qui chantent, la myopie sur le nez.
Et son compère, presbyte, erre, désemparé.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 décembre 1999