Chronique du 6 décembre 1999 (2)

Effervescence soudaine sur nos îles qu’on pouvait croire engourdies. La crise de la pêche locale n’est pas encore terminée qu’un nouveau conflit vient de prendre le relais ; la poste s’est mise en grève illimitée. Motifs :

  le Président du Conseil Général a sommé le personnel de veille le samedi de fournir toutes les prestations que l’on peut attendre. Pas question, de rétorquer le personnel, vendre des timbres d’accord, mais pour le reste pas d’accord. Faire travailler la poste le samedi ? Assez d’inhumanité ! Faut-il être à ce point timbré ?

  les conditions de travail seraient désastreuses, dans un bâtiment appartenant au Conseil général qui ne mettrait pas un sou pour le rénover. Fichtre !

Tout est désormais bloqué, lettres, paquets, cadeaux, le tout à l’approche des fêtes de Noël. Si le conflit perdure, on craint que des manifestants aguichés ne soient privés de leurs battes de base-ball, article en vogue en ce moment sur le territoire pour un sport qu’on n’imaginait pas si bien implanté. Au point qu’au journal télévisé on a même vu un « pacifiste » en arborer un flambant neuf, à Miquelon, devant l’antenne de la préfecture. Histoire de ne pas être en reste face à ces dingues de Saint-Pierrais qui se sont déchaînés sur les locaux publics le vendredi 3 décembre 1999.

Pour mieux renvoyer la balle sans doute. Comme une lettre à la poste, histoire de s’affranchir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 décembre 1999