Chronique du 6 décembre 1999

Tout semblait dormir et soudain tout explose.
Objet du litige : 200 tonnes de morue réservées à la pêche artisanale, en plein essor, grâce à l’implication courageuse du monde de la pêche, 200 tonnes que l’entreprise Archipel SA veut contrôler en imposant aux pêcheurs artisanaux ses modalités, ancrée, selon ses détracteurs, dans ses réflexes monopolistiques.

Et le conflit s’installe : salariés d’une entreprise, manipulés dans leur colère, exactions contre les locaux publics, dont ceux de la Préfecture, et deux communautés, celles de Miquelon et de Saint-Pierre qui semblent ne plus se comprendre.

  Défendre le « peuple miquelonnais », clame le gérant de la SNPM, précisant vite que les adversaires ne sont en réalité qu’une poignée de Saint-Pierrais qu’il juge manipulés.

  Défendre les « Saint-Pierrais », clame le porte-parole du syndicat FO d’Archipel SA. Pas question de se faire bouffer !

Derrière les apparences de deux communautés qui s’affrontent, la réalité est beaucoup plus complexe. D’un côté, une société reçoit 7 millions de subventions par an et fait monter les enchères ; de l’autre des pêcheurs artisanaux investissent sur leurs fonds propres et en partenariat pour s’inscrire dans la diversification devenue indispensable.

Le monde de la pêche est celui des passions et des coups de sang. Et le Préfet de rappeler tout un chacun à la raison.

Depuis vendredi, les politiques pèchent par leur silence…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 décembre 1999