Chronique du 10 Mai 2002

Cinq candidats locaux pour un siège national ! Mazette ! Déjà qu’on savait que ce ne serait pas facile de se couper en quatre. L’électorat recevra-t-il cinq sur cinq ces cinq candidatures qui représentent une première pour l’Archipel ? C’est en effet la première fois qu’autant de candidats locaux occupent le terrain de la compétition législative. On ne peut que se réjouir de la partie qui s’annonce. Les électeurs tacheront de rafler la mise, dans l’espoir qu’en en mettant cinq ils pourront en retirer six.

Espérons toutefois qu’il n’y ait pas trois autres candidatures auquel cas cinq et trois ferait huit, ce qui pourrait constituer une situation boiteuse. “L’excès en tout n’est-il pas un défaut ?” pourrait alors s’interroger un philosophe. Car, comme dit un proverbe grec, “Mieux vaut cinq dans la main que dix à attendre”. Surtout que cinq, c’est aussi facile à compter que les doigts de la main et, je cite Frédéric Mistral, un écrivain provençal, “les cinq doigts de la main ne sont pas tous égaux.” Or il faudra bien se résoudre à choisir sur le pouce, en cinq sept, ou en cinq sec, comme tu préfères, vu que ce ne sera pas facile à départager. Mais on n’imagine pas cinq élus en même temps sur le même siège.

Cinq, c’est donc mieux que sept. Comme disait Paul Laffitte, un célèbre financier français qui avait un “f” de plus que ma pomme, “un administrateur administre, trois administrateurs cherchent le meilleur moyen d’administrer, cinq administrateurs discutent sur des programmes opposés, sept administrateurs bavardent.” C’est la raison pour laquelle une joute électorale consiste à désigner le meilleur chevalier servant, voire la meilleure chevalière, en ces temps paritaires. Quelqu’un d’autre d’ailleurs n’a-t-il pas dit :” Posez une question à cinq économistes et vous aurez cinq réponses différentes (six si l’un d’entre eux est allé à Harvard” ?

Evitons une sixième candidature, ce qui pourrait avoir pour effet d’en mettre cinq contre un, auquel cas, l’affaire pourrait s’apparenter à une étrange masturbation.

Que nos cinq candidats abattent leurs cartes. La politique n’est-elle pas comme le tarot plus agréable à cinq quand le compte à rebours est commencé ? Il suffit alors de passer ou de surenchérir. Le panard ! Un joueur peut même crier misère sans préciser de quelle misère il s’agit. Ce qui n’engage à rien.

Enfin, comme tout le monde est condamné à s’aimer au lendemain du deuxième tour, rappelons la sagesse exprimée par Woody Allen, “Le sexe entre deux personnes, c’est beau. Entre cinq personnes, c’est fantastique”.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 mai 2002