Chronique du 28 Novembre 2000

Dans un texte intitulé ” le dialogue à un carrefour “, le penseur-philosophe-théologien dominicain décédé le 13 novembre 2000, Jean-Marie Tillard, originaire de Saint-Pierre et Miquelon, précise en ouverture de propos : ” Notons d’entrée de jeu que, même là, il aurait été important de présenter le dialogue avec les cultures, dans les perspectives de l’inculturation-contextualisation de la foi. ”

Bast ! Si t’as compris quelque chose, tu perds ton temps à faire le pied de grue au coin d’chez Théault, ou à la poste, lieux où généralement l’on échange valablement ses expériences avec des mots tout simples. Tu as ta place parmi les rois de la gamberge. Mais Jean-Marie Tillard ajoute : ” Nous ne pouvons y songer “.

Ouf ! Je respire – et toi aussi, frère locdu, qui craignais d’être le seul, le veuf, l’inconsolé, le prince d’Aquitaine à la tour abolie, à force de ne pas comprendre. Tu piges donc illico pourquoi les voies du seigneur sont impénétrables. Tout dépend du vocabulaire que l’on déroule pour nettoyer sa prose masculine (l’ego exacerbé n’est-il pas le propre de l’homme ?) D’ailleurs, que signifie l’expression ” le dialogue à un carrefour ” ?

 Le dialogue au coin de la rue ?

 Le dialogue à la croisée des chemins ?

Tu te vois en train de gloser d’ ” inculturation-contextualisation de la foi ” au coin du Joinville, surtout par temps de pluie ou par moins dix un jour de novembre à l’approche de l’hiver ?

Donc c’est le dialogue, tu en conviendras, qui ne sait plus où donner du ciboulot. Où vais-je ? Qui suis-je ? Qu’es-tu ? T’es con ou quoi ? Je vais te casser le Barak (réaction d’un Palestinien n’ayant pas suffisamment appris le français) ?

” À la racine des dialogues menés par l’Église catholique se trouve la grande intuition, entérinée par le concile Vatican II, que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre bien au-delà des frontières canoniques (à portée de canon, quelque part entre la Palestine et Jérusalem, note de l’auteur). De cette présence active découle la certitude d’une expérience commune permettant de s’écouter, de se connaître, de s’accorder, voire de s’aider mutuellement dans la quête de la Vérité et le service de l’humanité. D’ailleurs, écoute, compréhension de l’autre, main tendue, conjonction des efforts pour la même cause deviendront très vite les lois du dialogue. ”

Bon. Tu as compris cette fois. Preuve qu’avec des mots plus simples on peut y voir plus clair. Tu imagines la tête de notre député qui aurait discuté avec le père Jean-Marie Tillard, pendant quinze ans, comme il le dit dans le Vent de la Liberté du 25 novembre 2000, de thèmes aussi évidents que celui de l'” inculturation-contextualisation de la foi ” ? A en rester tout chlâsse à force de trop tirer sur les châsses et les esgourdes et de se gratter le caberlot.

Tu auras noté – parce que t’es pas bête, je te l’assure-, les qualités de dialogue entre le député et le président du Conseil général, d’une part, entre le député et le président des Radicaux de gauche, d’autre part, entre le député et le Conseiller économique et social, de surcroît, voire entre le député et l’ancien président du Conseil général du temps où ça branlait dans l’manche. De là à déduire que s’ils avaient tous pu discuter avec le père Tillard, la face de Saint-Pierre en aurait été changée, puisque plus personne n’aurait pu avoir l’autre dans le nez, grâce à un processus d’ ” inculturation-contextualisation ” qui aurait permis de réaliser qu’il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

Comme quoi les grandes occasions sont souvent manquées.

Le père Tillard dispensait des cours ; l’un d’entre eux s’intitulait : ” Une tragique querelle de famille: orthodoxes et catholiques. ” Il est vrai qu’à Saint-Pierre et Miquelon, se battre entre catholiques est somme toute très orthodoxe.