Connais-tu, ô mon lecteur chronique, Saint-Pierre et Miquelon ? Si tu me réponds non, tu m’en trouveras affecté, forcément.
Mais connais-tu Pierre Miquelon ? S’agirait-il du même Archipel auquel on aurait enlevé son statut de béatifié ?
Imagine les effets induits si l’on enlevait le préfixe saint à la Saint-Barthélemy par exemple ? Pourrait-on justifier les massacres ordonnés au nom de Dieu par le bon roi Charles IX ? Que resterait-il de Saint-Béat qu’un béat de marbre ? Un Saint-Bernard ne serait-il plus qu’un Bernard désemparé, à l’instar de notre président déchu du Conseil Général ? Saint Claude ne serait-il plus que Claude que l’on appellerait éventuellement Madame ? Saint Chamond ne serait-il pas aussi désarmant que son maire ? Saint-Cyr connaîtrait-elle (eh oui, on l’appelle Madame celui-là) l’infortune comme du temps où ce prytanée n’était qu’un gynécée pour jeunes filles nobles sans le sou ? Saint Louis se révèlerait-il sous le chêne sous son vrai jour ? Saint-Marin se trouverait-elle (elle est féminine elle aussi) ni marin(e) ni saint(e) ? Saint Paul deviendrait-il ministre de l’Outre-Mer ? Le Saint-Office serait-il mis à l’index (juste retour des choses) ? Le Saint-Père ne serait-il qu’un père abusif ? Le Saint-Siège tomberait-il sur son cul ? Saint-Saëns aurait-il un sens en musique ? Sainte-Simon ne serait-il pas toujours aussi précurseur ? Saint-Vincent de Paul ne serait-il plus qu’un ministre de l’Outre-Mer s’occupant des nécessiteux (ce qui nous ferait déjà deux ministres pour le même poste, si tu comptes bien, auquel cas l’Outre-Mer n’aurait jamais été aussi bien nanti) ? Sainte-Hélène aurait-elle ouvert les bras à Napoléon ? Sainte-Marie ne serait-elle plus qu’une vieille fille désabusée ? Les saintes nitouches perdraient-elles leur air affecté ? Sainte-Pélagie serait-elle toujours une prison pour détenus politiques et écrivains victimes de délit d’opinion comme au bon temps de la IIIe république ? Pourrait-on boire du cognac ou du pineau si Saintes n’existait plus ?
Tu ne seras pas surpris du résultat quand Saint-Pierre et Miquelon devient tout bêtement Pierre Miquelon.
Comble d’ironie, Pierre Miquelon existe. Il s’agit d’un député conservateur canadien complètement paumé qui ne savait plus ces derniers temps où aller. Ayant quitté le Parti Conservateur de Joe Clark pour l’Alliance (conservatrice), le nouveau parti qui vide le PC (parti conservateur du Canada – rien à voir avec notre PC, même conservateur), il a quitté l’Alliance pour revenir au Parti Conservateur (il faut bien conserver quelque chose) où il a été accueilli comme l’enfant prodigue.
Avant d’être béatifié, peut-être.