Chronique du 17 Juillet 2002

Scène cocasse de la vie insulaire : un touriste pétri par les ans est assis sur une chaise devant le Centre d’Achats Marcel Dagort, là où ” la vie est moins chère “, comme le proclame le slogan publicitaire. A ses pieds, un sac de victuailles et une bouteille de ketchup. Il a entre les mains un sandwich-baguette à la française. Chose curieuse, voilà qu’il le porte à un oeil comme une longue-vue. Intrigués, nous le regardons une dernière fois avant de franchir le seuil de porte ; soudain il introduit délicatement une tranche de jambon soigneusement roulée dans le centre de son morceau de baguette qu’il a semble-t-il préalablement évidé.

Sortis du Centre d’Achats au volant de notre Kangoo, nous ralentissons au niveau du sens giratoire nouvellement mis en place, nous interrogeant sur le temps d’adaptation nécessaire à la nouvelle configuration des lieux. Soudain surgit, venant du centre-ville, un étalon au galop ; il fonce en contournant le sens giratoire sur la gauche le long du cimetière direction Ravenel. Décidément, nous sommes sortis de l’ordinaire.

Le prix du fuel a augmenté ce week-end de deux centimes le litre, mais l’augmentation a été annoncée par la préfecture à l’hectolitre. Les dépenses publiques, elles, continueront quant à elles de se comptabiliser au mètre de bitume.

La tempête annoncée n’a pas eu lieu. Le bateau ne devait pas partir pour Langlade ; il a quitté le port, direction l’Anse du Gouvernement, comme à l’ordinaire ; l’avion ne devait pas aller à Miquelon ; les vols ont eu lieu comme à l’accoutumée. Et la météo s’est trompée, comme au bon vieux temps.

16h30 : un musicien court sur le tarmac après le Navajo qui s’envole pour Miquelon. Il revient dépité vers l’aérogare. Un agent d’Air Saint-Pierre le rassure ; il est prévu pour le prochain vol.

Je suis revenu avec 350 grammes de Chaussée aux Moines pour 5 Euros cinquante-six. A Saint-Pierre, les plafonds sont décidément vite crevés par le prix de chaussée.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 juillet 2002