Chronique du 21 juillet 2002

Une belle soirée au Centre Culturel ce samedi 20 juillet 2002. Cinq cents personnes au moins étaient présentes dès l’ouverture à 19h00, illustrant ainsi l’attente du public pour ce genre d’événement. Un encouragement pour tout organisateur de festival. Chansons, rythmes endiablés, musique acadienne, violon, salsa, chants de marins étaient au rendez-vous dans la Salle des Sports transformée en immense cabaret. La fête aura donc battu son plein pendant près de six heures.

Pour les musiciens toutefois, comme pour le public sans doute, perdurait comme un parfum d’amertume au plafond des illusions envolées à cause de la trop forte réverbération du son, malgré les efforts du technicien, d’une salle tout à fait inappropriée. Quand pourrons-nous enfin bénéficier d’un lieu consacré à la musique pour la satisfaction de tous, dans le cadre d’un développement durable ? Pourrons-nous enfin lever un jour l’ancre de l’inconscience ? Pourrait-on imaginer les députés dans Palais-Bourbon, les sénateurs sans Palais du Luxembourg, le Conseil Général sans conseil général, la Préfecture sans préfecture, la Municipalité sans mairie, la Chambre de Commerce sans chambre de commerce, la chrétienté sans église(s), un boulanger sans four à pain, un charcutier sans charcuterie, un épicier sans épicerie, des marins sans bateau, des pilotes sans avion, un Américain sans Amérique, un Français sans Paris, un chien à lapins sans son parc ? Pourquoi la musique, le poumon d’une communauté, devrait-elle se faire de bric et de broc quand tant de briques sont dépensées dans le bric-à-brac des improvisations guidées par l’air du temps ?

Hein ? Je ne te le demande pas ô lecteur anachorète. Je m’interrogeais, c’est tout.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
21 juillet 2002