La guerre des chenilles aura-t-elle lieu ?
Pour qui veut faire le tour de l’île, la réponse est évidente ; difficile d’échapper aux tranchées et aux pelles mécaniques. Saint-Pierre est un immense chantier.
Que ne rêve-t-on pas alors de conter fleurette allongés dans la douceur des bois, à l’ombre des résineux rabougris ! Malheur ! Les chenilles sont partout. Le Diprion fait des ravages, les clairières sont jonchées d?aiguilles, les sapins sentent trop le sapin.
L’espoir semblait venir du ciel. Une campagne d’épandage était prévue. Patatras ! Le produit, étiqueté NeabNPV, sorte de mélasse à insecticide naturel, devait être largué par Canadairs à grande échelle, opération accompagnée par une intervention au cas par cas sur les propriétés privées, les intéressés devant signer un papier dégageant ” les Service concernés de toutes responsabilités concernant des effets non intentionnels ou des prises de risques du propriétaire contraires aux précautions proposées par les Services de l’Agriculture “. Ponce-Pilate s’est-il reconverti dans les eaux et forêts ?
Et des épris de nature aux abois de découvrir que le NeabNPV n’est pas homologué. On n’est pas des larves, merde ! Faudrait qu’on nous explique. N’y a-t-il pas des risques pour la santé ? La peur s’épand sur le Caillou. La nouvelle fait irruption sur le petit écran au Vingt heures du lundi 29 juillet 2002. L’opération est suspendue. Les chenilles rongent et dérangent et le vulgus pecus reproche aux services concernés de le faire monter à l’arbre.
Ses enfants demain ne chanteront-ils pas : ” Nous n’irons plus aux bois, les sapins sont coupés” ?
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
31 juillet 2002