Budget et asphyxie

Budget au bord de l’asphyxie, assistanat, recherche d’idées, tels auront été les maîtres mots, majorité et opposition confondues, de la session d’octobre 2002 du Conseil général. Nos îles seraient-elles dans l’impasse ? Le plus étrange est que tout fonctionne au quotidien comme si de rien n’était. Il n’empêche que l’atmosphère dominante est pesante, voire malsaine, la suspicion étant quasiment de règle dans les comportements. Dix ans après le couperet de 1992, réduisant la Zone Economique Exclusive à la portion congrue, l’Archipel, reconnaissons-le, est dans l’incapacité d’assurer l’emploi à tous ses jeunes, faute d’une économie qui se dégagerait progressivement de l’omniprésence de la fonction publique et de la commande affublée du même adjectif.

Faute de pétrole, chacun semble chercher des idées, désespérément, bien que le débat semble se résumer à sa plus simple expression. La majorité en place peine à supporter l’ensemble des charges incompressibles, l’opposition est curieusement muette quant aux solutions éventuelles que la partie opposée ne verrait pas. Qu’en est-il du Vent de la Liberté, le journal du député, inscrit aux abonnés absents depuis plusieurs mois ? Un comble pour un journal. Qu’en est-il de l’effervescence d’hier de Cap sur l’Avenir ?

La politique sur l’Archipel ne se résume-t-elle pas au fond à la recherche de sièges l’espace d’un instant, dans un jeu de fausses dupes où chacun, en fin de compte, n’est pas si dupe que cela de la tragi-comédie dont il est l’acteur volontaire ? Un vrai sursaut est-il encore possible ? Peut-on espérer motiver une population frustrée depuis la crise de la pêche de réalisations concrètes et viables dans ce que l’on appellerait aujourd’hui un développement durable, ce nouveau gargarisme du vingt et unième siècle ?

Saurons-nous retrousser les manches et affronter les réalités ?

Henri Lafitte, 17 octobre 2002