Chronique du 17 Octobre 2002

Il y eut le temps des morues, comme il y eut celui des pierreuses.
Deux termes chargés d’ambiguïté propres à enflammer les parties toujours enclines à se frotter les unes aux autres. S’agissait-il de gadidés ou de morue joyeuse ? De pierreuses minérales ou charnues ?

La particularité de nos îles est-elle donc d’osciller entre la face apparente et la face cachée des choses ? Le dit et le non-dit ? Le feu opiniâtre et le feu au piniâtre ? Une morue pinée et la morue pinée ?

Qu’en est-il aujourd’hui de la limande ? Poisson ou fille de joie ? “Je souhaite ajouter que, parallèlement à nos réunions de travail longues et studieuses, nous avons demandé à la Communauté d’étudier le transfert du quota de limande au bénéfice de notre Archipel”, précise le premier vice-président du Conseil Général dans l’Echo des Caps du 11 octobre 2002, à son retour de la réunion de l’Opano à Saint-Jacques de Compostelle. Nul doute qu’il s’agit bien là du “poisson de mer ovale et plat, à peau rugueuse, dont les yeux sont situés sur le côté droit”, comme le précise le Petit Robert.

Il n’est que des amoureux du Verbe qui se fait Chair pour imaginer toute autre démarche beaucoup moins catholique. Histoire de voir la vie en rose sur une île morose.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 octobre 2002