Chronique du 21 Octobre 2002

Rien n’échappe à la vigilance insulaire, tout finit par être radiodiffusé, voire télévisé. 21 octobre 2002 : une poule errante a été retrouvée, nous petite-annonce-t-on. La nouvelle m’impressionne. Dire que tant de disparitions se soldent sur cette terre par l’éternelle absence ! Cette poule, je te le dis, ô lecteur, a eu du pot d’être saint-pierraise. Ajoutons qu’on ne traite pas les poules comme des chiens noirs, blancs et feu dont ne parle plus sur les ondes qu’ils soient perdus ou retrouvés avec ou sans collier. La banalité de l’annonce finissait par se fondre dans le train-train des échanges ordinaires entre la poire et le fromage (selon les saisons).

Journal télévisé de ce 21 octobre 2002. Invités sur le plateau, un ingénieur forestier de l’ONF et un chercheur de l’INRA de nouveau en mission sur l’Archipel – ils sont venus à l’automne 2001 – pour le bon suivi de nos forêts. Enfin de l’info ! Allons-nous mieux connaître les menaces qui pèsent sur notre environnement ? Allons-nous aborder les ravages des chenilles ? Les achats intempestifs et méconnus de terrains dans des zones sauvages que l’on croit préservées ? Que nenni ! Les questions posées font que l’on apprend que nos arbres sont des résineux, plutôt petits, qu’ils poussent sur des sols fragiles et qu’il faut au moins trente ans pour espérer y accrocher une balançoire (ce dernier point étant une pure extrapolation de ma part). Pas de quoi flanquer la chair de poule devant les incertitudes du lendemain.

Et dire que l’actualité nous condamne à passer cathodiquement du coq à l’âne… Hein ma poule ? Tant qu’elle ne nous fait pas monter à l’arbre… Hein ma vieille branche !

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
21 octobre 2002