Chronique du 30 Octobre 2002

Allez, allez, on se calme. C’est sans doute ce que le Président du Conseil Général a voulu faire passer comme message à certaines entreprises du BTP pratiquant à son goût la surenchère, en acceptant d’être présent sur le plateau de RFO au journal de Vingt heures et de répondre à des questions qui sortaient du doux ronronnement habituel de la station. Car Saint-Pierre connaît un mouvement d’humeur dans ce secteur depuis le 29 septembre 2002. Grève d’un certain nombre de salariés avec leurs patrons, accusations de malversations dans l’attribution de certains marchés, exigence de la mise en œuvre du chantier eau et assainissement dans sa portion route de la Bellone – autrement dit la route du Diamant, mot à forte valeur ajoutée potentielle -, demande de renvoi du directeur de la SODEPAR (la société chargée par la Collectivité de la mise en œuvre des actions de développement), le ton est monté d’un godet en ce 30 octobre 2002.

Et le Président du Conseil généralde préciser que 6 marchés ont été attribués cette année par la Collectivité territoriale, deux à chacune des entreprises implantées dans le secteur des grands travaux. Quant au marché de la Bellone ? Celui-ci a été jugé infructueux car les offres de prix étaient disproportionnées, voire déraisonnables. Et d’ajouter qu’avec tout l’argent mis dans le circuit à voitures et engins) pour le seul GIE – à la tête de la contestation -, une centaine de salariés pourraient travailler douze mois sur douze, ce qui n’empêche pas le licenciement systématique au bout de sept mois. Volume du chiffre d’affaires de cette société ? 50 millions de francs pour l’année écoulée. De quoi mettre du beurre dans les épinards, même importés.

Et le cantonnier avec sa pelle manuelle de se dire qu’il a moins d’argument dans une négociation qu’une armada de pelles mécaniques. Faut-il donc tout mettre à plat ? de s’interroger le téléspectateur en quête d’une solution béton. Mais bien sûr, répondraient sans doute facilement des représentants du BTP qui pourraient prendre l’arasement de l’Archipel en considération, histoire de répartir les travaux sur la durée et la manne subséquente.

Saint-Pierre et Miquelon, morne plaine demain ?

Alors, avec un peu d’imagination, et dans le but de préserver le caillou des atteintes irréparables, pourquoi ne pas construire une énorme fortification à la Vauban en pleine mer autour de l’Archipel pour permettre par exemple à la coquille Saint-Jacques de grossir, bien à l’abri (abri, précisons-le en passant, indispensable). ? Cela donnerait du rab pour mieux s’organiser dans le domaine de l’aquaculture et espérer rivaliser avec Terre-Neuve qui a raflé tous les fjords naturels avant l’abandon du French Shore. Avantage supplémentaire, la morue ne pourrait plus se faufiler en-dehors des filets troués, ce qui permettrait à chacun de roupiller sur ses deux oreilles, position alitée qu’il n’est pas donné à tout le monde de pratiquer quand on a les feuilles moins grosses que le ventre.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 octobre 2002