Chronique du 13 Novembre 2002

Sais-tu nager, ô lecteur aquaphile ? Qui ne surnage pas ? me répondras-tu. Tu sais que nous avons une piscine, te rappellerai-je. Mais qu’elle est souvent en cale sèche, ironiseras-tu. C’est la faute aux diatomées, disent les uns, c’est à cause de l’eau, disent les autres. Et chaque année, ça flotte dans le landernau et cette histoire de bassin sans flotte nous bassine, tempêteras-tu. Et toute la communauté insulaire d’être en pleine piscine.

Faute de pouvoir remplir la piscine avec l’eau traitée municipale, va falloir aller chercher l’eau du pain de sucre. Comme l’an dernier. Mais ça ne se fait pas en deux coups de cuiller à pot, si tu permets. Faut des pompiers, des tuyaux, de l’eau non traitée, des produits de traitement et beaucoup de sueur pour que tout baigne. Tu vois qu’à Saint-Pierre on ne fait pas avec le dos de la cuiller pour que nos futurs baigneurs boivent la tasse en barbotant dans la transparence aqueuse.

Mais cette fois-ci, ce sera la der des der, nous a-t-on assurés, rassurés, réassurés. On va faire venir une mission technique pour tuyauter ceux qui sont dans le circuit. Il y a urgence si on veut éviter la fuite en avant. Va-t-on être obligé de s’initier à la nage avec des roulettes sous le bidon ? A défaut d’eau, ça ne manquerait pas de sel, ne trouves-tu pas ?

J’ai rêvé à une femme avec de gros flotteurs, a confié un patient privé de piscine à son psychologue. Et vous étiez en nage ? lui a demandé le praticien. C’est peut-être à force d’être au régime sec, a-t-il ajouté.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 novembre 2002