Chronique du 27 novembre 2002

J’ai besoin de tes lumières, ô lecteur à la lampe allumée.
Pour sortir sans me casser la gueule, tout simplement.
Car voici que depuis plusieurs semaines, les rues de Saint-Pierre sombrent dans le noir sans que la cause n’en soit éclaircie.
De quoi avoir les miches en allant chercher son pain alors que les premiers rayons d’un éventuel soleil anémié ne vienne troubler la grisaille embrumée d’un automne triste comme un bonnet de nuit. Il est même arrivé récemment au matin blême d’une nuit sans lune que quelqu’un se blesse sérieusement. Je te le dis à la lumière des informations que j’ai pu glaner.

A quand un premier flash sur cette sombre affaire au journal de 20 heures ?

EDF serait-elle en cours de privatisation ce qui expliquerait cette mise en condition californienne ? (je te laisse le soin d’expliquer, ô lecteur éclairé) Pourquoi un tel manque de réaction quand on cherche si facilement un lampiste dans les crises qui se déroulent en pleine lumière ? Ironie du sort, la campagne de vérification de l’éclairage des véhicules a droit pendant ce temps aux feux de la rampe. Tant que ça roule, me diras-tu… « L’insécurité routière est plus grande la nuit que le jour souligne l’Echo des Cap, dans son édition du 22 novembre 2002, sans que notre lanterne en soit pourtant plus éclairée.

Vers qui donc se tourner pour que toute la lumière soit faite ? m’a demandé un compatriote survolté qui veut rester dans l’ombre. Je te le dis, il ne te reste plus qu’à écrire dans un style ampoulé aux autorités concernées pour obtenir éventuellement les éclaircissements nécessaires, à moins que tu n’aies des ampoules aux mains – cas peu probable dans notre société de cols blancs – auquel cas tu peux te contenter de faire comme d’habitude, t’en foutre plein la lampe sans te poser de questions.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 novembre 2002