Chronique du 17 décembre 2002 (2)

Noël approche. Les commerces ouvrent en nocturne mais le secteur de l’alimentaire offre la désespérance de ses étagères vides. On se croirait en Pologne du temps des grandes privations, dit l’un ; mais c’est pour mieux se goinfrer demain, dit l’autre.

2002 s’achève, le désenclavement alimente plus les discours que les tables ordinaires. Et l’hédoniste sevré d’attendre de pouvoir se jeter sur les fromages annoncés de la Nativité, avant de languir après ceux de Pâques ou de la Trinité.

Les jours reviendront où l’on vantera la gastronomie française de nos îles, histoire de s’en persuader un soir d’agapes où il sera question de développement touristique. Et le peuple gobera en attendant sa prochaine becquetée.

Et l’on pourra continuer de servir imperturbablement en chantant la Marseillaise une couche de cheese whiz entre deux tranches de pain blanc au visiteur avide d’un sandwich baguette au calendos.

Et l’on enivisagera peut-être une mission sur l’hygiène alimentaire pour nourrir les esprits.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 décembre 2002