Chronique du 8 décembre 2002

Noël approche et comme les années précédentes, Saint-Pierre s’illumine. Quoique, si l’on y regarde de plus près, l’illumination soit moins éclatante que d’ordinaire. Certes, l’on retrouve les décorations habituelles à quelques carrefours, mais la Mairie est le seul établissement public à avoir revêtu sa parure festive, Conseil Général et Préfecture affichant leur air sombre au fil des nuits falotes. Les décorations des maisons individuelles sont plus rares et le promeneur doit errer davantage pour satisfaire ses pupilles avides.

Pas d’arbre de Noël, place du Général de Gaulle. Avons-nous peur des perce-oreilles qui se sont propagés ces derniers mois en se cachant « dans du gazon en bandes ou d’autres plantes en provenance du Canada », propagation que mentionne l’Echo des Caps dans son édition du 6 décembre 2002 ? « Afin d’éviter toute nouvelle « invasion », le maire de Saint-Pierre, dans un courrier adressé à Monsieur Claude Valleix, Préfet de l’Archipel, (voulant certainement lui mettre ainsi la puce à l’oreille) réclame le « renforcement des contrôles phytosanitaires lors d’importations de gazons, arbres et autres plantes » ». Autrement dit, l’invasion est due à une insuffisance de la vigilance qu’il s’agit de corriger. Peut-on espérer une réponse à ce problème ? Va-t-on rester sur notre faim ? Car ventre affamé n’a point d’oreilles, ce qui évite de les percer.

Et pourtant, toute notre attention ne devrait-elle pas être tournée vers le sapin, symbole, tout aussi menacé, avec la morue, de notre identité ? N’aurions-nous pas dû ériger un sapin géant en lui rendant un hommage béton ? A Toi, mon beau Sapin, Roi des Forêts, fier rescapé du diprion ! Un sapin sans les boules, toutefois, ce qui aurait été une façon de montrer qu’il ne nous en veut pas trop, malgré notre incompétence à le soigner du diprion.

A moins que ce ne soit un message subliminal, en ces temps difficiles, indiquant que l’on veut éviter que Saint-Pierre ne sente trop le sapin ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 décembre 2002