D’abord quelqu’un m’a dit de me procurer le CD de Carla Bruni. Dont acte corrélé de l’œil intrigué par le téton fleurant sous le T-shirt en guise de première de couverture. Puis la découverte immédiate de « quelqu’un m’a dit », première chanson et titre-phare de l’album. Oreille immédiatement captivée par la chaleur d’une voix qui semble shunter les dernières sonorités des mots pour mieux nous émouvoir. Succession de textes où les mots s’enroulent sur les thèmes moteurs de l’âme humaine. Nouveau voyage de l’amour, mais non répétition. « Quatre consonnes et trois voyelles c’est le prénom de Raphaël / Je le murmure à son oreille et chaque lettre m’émerveille » Puis un appel au sursaut contre l’indifférence : « Il faudrait que tout le monde réclame, / Auprès des autorités, / Une loi contre toute notre solitude, / Que personne ne soit oublié ».
Et puis j’ai découvert, n’en déplaise à sa carrière, que Carla Bruni Tedeschi, née le 23 décembre 1968 à Turin, en Italie a fait une carrière de mannequin, de top-model. Et je ne m’en étais pas aperçu. Insensibilité aux formes féminines ? Que nenni ! Sentiment coupable de ne pas ouvrir encore assez les yeux surtout quand la vie s’incarne si bien. Quinze années de poses lascives qui me seront passées sous le nez…
Est venu alors le temps d’une nouvelle écoute, l’oreille influencée par le miroir déformant des pupilles dilatées. Est-elle crédible ? me suis-je dit, en chantant « L’amour… pas pour moi (…) L’amour… ça me va pas ». J’arrive, aurait envie de crier l’auditeur dispensateur de tendresse. Car elle reste crédible, par la sensibilité de ses textes. Et la vie n’est-elle pas plus complexe que l’apparence ? « Je suis excessive / J’aime quand ça désaxe / (…) Y en que ça excède / D’autres que ça vexe / Y en qui exigent / Que je revienne dans l’axe ».
Les arrangements musicaux dépouillés de Louis Bertignac, le guitariste de Téléphone, jouent tout leur rôle dans la réussite de cet album qui vient de révéler une très belle artiste. Qu’est-ce qu’elle devait être chouette comme top model si elle était aussi bonne qu’après la mue ?
Merci à ce quelqu’un qui m’a dit…, de sorte que je ne rate pas les prochaines années.
Tiens, je me la réécoute, « juste encore une minute, juste encore une minute… »
Henri Lafitte, Chroniques musicales
12 janvier 2003
Carla Bruni, « Quelqu’un m’a dit »
Naïve NV 43411