– On regrettait le temps où il neigeait encore
Les vieux de ce temps-là s’enfonçaient dès l’aurore
Dans le poudrin glacé qui vous bouche les yeux
A vous rendre un prophète aveugle comme un dieu
Un jour sans crier gare retentit la tempête
Nous en bouchant un coin sans tambour ni trompette
Plus question de sortir emboucha le Préfet
Burinant dans l’Histoire l’Appel de février
Choquettes
Témoins du passé
Chantez
Le poudrin de
Février
Profitant de l’aubaine sous la couette ribaude
Une femme saisit la zigouflette chaude
De son mari surpris par cette privauté
L’hiver a ses plaisirs que n’a jamais l’été
Glissant sous les patins de l’égérie maboule
Le bougre se surprit à lui lancer les boules
Et l’on put assister à l’ardent pugilat
De chauds lapins ravis par l’appel de l’Etat
Maugréant en lousdoc contre la fermeture
Des écoles marri un privé de luxure
Agrippé à ses tables de froides divisions
Glapit « Qui va encore en payer l’addition ? »
Mais au chaud à l’abri les morpions en latence
Se mirent à louer l’Hiver l’Etat la France
Et ce fut un cocktail d’heures fort saugrenues
Au cœur de février offertes par les nues
On dit qu’une estafette au cœur de la poudreuse
Joua sans le vouloir à l’auto-tamponneuse
Il fallait donc agir de peur que derechef
Un pandore en chaleur paume son couvre-chef
On ferma donc en chœur sagesse de police
La clinique à toutous la poste le Saint Office
Les boîtes à penser le toutim insulaire
Et le Préfet de dire « Je veille sur vous mes frères »
Ce furent chaudes ardeurs ce furent vives ripailles
Agapes d’un hiver les pelles en bataille
Pour ouvrir l’interdit des portes obstruées
Et crier vers demain sa joie d’être enneigé
Tempêtes de février soufflez je vous conjure
Sur nos envies glacées nos rires nos enjelures
Qu’on écoute à gogo sur les ondes fébriles
Notre Préfet chanter « On a sauvé nos îles ! »
Henri Lafitte, 11 février 2003
Sur l’air de Georges Brassens, Trompettes de la renommée