Chronique du 9 février 2003

Qui ne s’est pas soucié de ses fringues à l’orée d’un voyage ? Qui ne s’est pas embarrassé de valises, ces casse-couilles à fringues ? Or ne néglige-t-on pas trop souvent nos souliers, les seuls dont on se souvient quand on y a laissé sa dernière chemise ? « Moi mes souliers ont beaucoup voyagé » chante encore Félix Leclerc de sa voix d’outre-tombe, depuis qu’il a fait ses valoches pour l’au-delà. Aussi m’est-il apparu nécessaire de t’alerter, ô lecteur voyageur, sur l’impérieuse nécessité de veiller à ce que l’on se met sur les nougats, pour se fondre dans la foule, en évitant les chausse-trapes, même si ça te fait une belle jambe.

 États-Unis – bottes (avec du foin, bien graissées, bien ferrées)

 Angleterre – à la botte (de cuir)

 Italie – botte de rigueur

 France, Allemagne, Belgique – petits souliers

 Turquie – godillots

 Afrique du Nord – mules

 Brésil (et autres Amériques de plus en plus au sud) – va-nu-pieds

 Saint-Pierre et Miquelon – cirage (on ne sait jamais)

 Île aux Marins – pieds rouges

 Québec – bottine souriante

 Côte d’Ivoire – pieds (-) noirs (pour une histoire en marche)

 Air Lib – mis à pied

 Moyen-Orient – « pas Bush » (quand un francophile va s’y pincer le nez)

 Irak – pompes funèbres
Partout, mondialisation oblige, des grolles, pour les avoir.

Si tu n’en as pas envie, va où le roi n’allait qu’à pied.

Amoureux de la vie, tire ta botte pour mieux prendre ton pied, puis tire l’autre.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 février 2003