Disons-le, malgré l’absence de Centre digne de ce nom, Saint-Pierrais et Miquelonnais auront su être hospitaliers à l’occasion de la visite de la Ministre de l’Outre-Mer, madame Brigitte Girardin, du 30 janvier au 1er février 2003. La nouvelle d’ailleurs qu’elle n’était pas encore « saisie du projet » de construction d’un nouvel hôpital aura sans doute été l’une des révélations fortes de l’entretien télévisé sur les ondes de RFO, le 31 janvier 2003. Rappelons que l’élection du Conseil général en 1999 s’est jouée essentiellement sur ce thème, deux thèses s’opposant, celle de la reconstruction sur site pour l’équipe battue, celle d’un nouvel emplacement pour l’autre. Sans cette visite ministérielle, d’aucuns auraient pu s’étonner qu’on s’acharne à rafistoler un bâtiment dont la vétusté, l’inadéquation, voire la dangerosité, entraînent l’adhésion de la communauté pour une réponse urgente. Affaire à suivre donc, tant la santé des populations relève de la responsabilité des gouvernants.
Tous les dossiers, dont les droits inaliénables de la France dans l’exploitation des ressources off-shore, auront été abordés dans un style ouvert et direct, tranchant avec la langue de bois rituelle pour ce genre d’événement. Chacun aura pu se rendre compte de la maîtrise des différents sujets par la ministre qui aura sans doute ainsi conquis les cœurs. Sa sensibilité à la dimension culturelle de l’Archipel aura été la cerise sur le gâteau.
Nos îles vont-elles ainsi retrouver un nouveau souffle ? La morosité ambiante aura frappé Brigitte Girardin dès son arrivée. Le scepticisme naturel des communautés de pêcheurs ne s’est-il pas transformé en doute absolu au fil des déceptions ? Gageons que l’approche du ministre de l’Outre-Mer lors de ce voyage aura insufflé un nouvel espoir. Pour lui donner corps, encore faudra-t-il éviter l’attentisme. Les élus de l’Archipel et les acteurs économiques auront leur part de pain sur la planche, sans se contenter de la traiter à couteaux tirés.
Et si Saint-Pierre et Miquelon s’engageait enfin dans la voie d’une fierté retrouvée…
Henri Lafitte, 1er février 2003