Chronique du 11 mars 2003 (2)

Chirac est notre petit père du peuple à nous. Il en a le côté sympa, affectueux. Il nous cajole, il nous rassure et nous sommes tous contents de le voir heureux.
Georges W. Bush veut s’arroger un côté « père des peuples » à vous faire dresser les cheveux sur la tête, surtout quand il appuie le coude gauche sur le lutrin de service en nous reluquant droit dans les yeux de son regard vide.
Quand Chirac nous dit « écoutez », on a envie de sourire. Quand l’autre fait de même, on a plutôt froid dans le dos, même au chaud, en plein hiver.
« La France n’est pas un pays pacifiste » a rappelé Chirac. Ça, on le savait. Souvenons-nous de Dien Bien Phû et de la guerre d’Algérie.
Mais les USA nous battent à plates coutures. Tu en veux l’addition ? Je te la vends et je ferai fortune.
Mais le sens de l’être humain a encore ses droits. Et Chirac nous l’a rappelé. Nous en avons aussi l’expérience. Une guerre, c’est pas marrant pour les hommes, les femmes et les enfants qui tombent sous les bombes.
Et Georges Bush, appuyé sur son coude, n’en lève pas pour autant le petit doigt.

Alors Chirac nous a convaincus le 10 mars 2003. Peut-être l’avions-nous un peu convaincu, nous aussi. Car Georges Bush nous fout les jetons.

 Dis papa, c’est quoi le totalitarisme ?

 Tais- toi !

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 mars 2003