Vérité d’un jour…

Dis-moi l’idée que tu défends aujourd’hui. Je la combattrai illico, mais la reprendrai peut-être presto demain.

Ainsi en va-t-il trop souvent de la politique.

1976, la départementalisation est imposée à Saint-Pierre et Miquelon, sans concertation préalable, par un régime politique fort gauche, mais de droite. Des opposants relèvent aussitôt le défi et défendent l’idée d’un statut spécifique décentralisé. Ils obtiendront gain de cause le 11 juin 1985 avec le statut de Collectivité territoriale attribué à l’Archipel, malgré les critiques mettant en exergue que l’on n’a rien à gagner en donnant l’impression de vouloir sortir d’un système centralisé qui a fait ses preuves,

2003. Dans l’édition de mars de son journal Trait d’Union, le sénateur de l’Archipel déplore que La Réunion ait jugé bon de faire bande à part en refusant la décentralisation et les statuts spécifiques salvateurs. « Il faut remarquer, écrit-il, que dans le grand chantier de la décentralisation, la Réunion tient une place à part puisque c’est le seul des départements ultramarins à ne pas avoir voulu profiter, pour remodeler ses institutions du principe de la spécialité législative qui ouvre des possibilités d’évolution différenciée aux diverses collectivités d’outre-mer. »

Saint-Pierre et Miquelon auront donc anticipé avec dix-huit ans d’avance, même si l’on risque de survivre encore aussi longtemps avant de ressentir les effets salvateurs du changement de langage. La loi programme n’est-elle pas concoctée pour quinze ans ?

Henri Lafitte, 5 mars 2003