Vers un monde multipolaire

Les gouvernements américains n’en auront jamais voulu, mais le monde ne peut être que multipolaire. Là est l’enjeu d’aujourd’hui si l’on veut enclencher la dynamique de la paix. Cela passe par le respect des différences collectives, sociales, politiques, religieuses, économiques et culturelles.

Le village global, loin de mettre en exergue l’uniformité, met en lumière la diversité des peuples. L’arrogance coloniale d’hier aura démontré l’impossibilité de la coexistence par la force des convoitises qu’elle aura suscitées. Mais aujourd’hui, l’interaction entre les différentes identités est permanente, sous les formes les plus diverses. Impossible d’y échapper. Et l’impossible d’hier nous oblige à la réussite de demain, pour la survie de l’humanité.

Il faut donc apprendre à vivre dans un monde nouveau qui échappe dans sa complexité à l’emprise des idéologues de la mondialisation économique. La route sera longue sur le terrain de la méfiance, de l’incompréhension, voire celui de la haine. Comment en peut-il être autrement quand une hyperpuissance s’enferre dans un autisme destructeur ?

Les pionniers de ce monde multipolaire n’auront pas eu gain de cause jusqu’à présent. Le conflit irakien vient malheureusement nous le rappeler. Mais il n’y a pas d’autre voie que l’apprentissage permanent du respect de l’autre. Et tant pis si pour l’instant cette incontournable « utopie » semble bien dérisoire.

Henri Lafitte, 30 mars 2003