Chronique du 23 avril 2003

La saison du crabe est commencée, mais il n’y a pas de crabe. Comme hier il y a eu la saison de la morue, mais il n’y avait pas de morue. Comme on a eu la saison du transbordement douanier, mais il n’y a plus de transbordement. Comme on a chaque année la saison des touristes, mais il n’y a pas de touristes. Ou si peu. Après la dernière queue de morue, la dernière… de touriste ? Comme il y a eu la saison des œufs de lump, mais il n’y a plus d’œufs de lump. Comme il peut y avoir ailleurs la saison des pluies mais qu’il n’y a plus de pluie. Comme il y a la saison d’après, mais il n’y a plus d’après (à Saint Germain des Prés). Comme il y a la saison des illusions mais ne subsistent plus que les illusions perdues. Comme j’ai eu vingt ans il y a belle lurette mais on n’a pas tous les jours…, ça nous arrive qu’une fois seulement.

Bref, il n’y a plus de crabe. Un vrai cancer ! Quel paradoxe alors qu’il nous ronge de plus en plus. Tout ne serait donc qu’illusion, vanité (sans arrogance), Vacuité. Faut-il secouer le panier pour retrouver la pêche ?

Et que faire du panier si les crabes se cassent vers d’autres anses ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
23 avril 2003