Chronique du 30 avril 2003

Ainsi donc la direction de RFO aura eu raison de son émission phare, « Si le temps permet » en la supprimant « purement » et « simplètement ». Car a-t-on raison quand la déraison l’emporte au nom des belles raisons pompeusement fagotées d’un raisonnement technocratique ?

Peu importe donc si le temps ne le permet plus, mais je le prendrai pourtant pour dire tout le bien de cette émission, ce qu’elle apportait de témoignages de notre vie insulaire et de saine convivialité. Car Roselle et toute son équipe avaient le mérite de travailler sérieusement sans se prendre au sérieux, tranchant ainsi avec l’assurance trop souvent exclusive des bureaux d’information. Il fallait faire souvent avec les moyens du bord, en fonction des disponibilités humaines ou matérielles car il fallait prévoir, anticiper, faire coïncider les disponibilités des uns et des autres, professionnels de la station et participants d’un jour. Quadrature du cercle, en quelque sorte, qui n’aura pas empêché l’émission d’être le vrai rendez-vous télévisé des îles, un carrefour de la diversité, un regard réflexif valorisant pour l’ensemble de la communauté. Tant pis si elle n’avait pas la régularité de métronome des journaux télévisés ; chaque approche a son style et de la diversité naît l’intérêt.

Mais la technocratie a ses raisons que la raison ne connaît point et l’émission aura été sacrifiée sur l’autel des certitudes. « Les chaînes de télévision se doivent de répondre aux attentes du public. En conséquence, les émissions de télévision ont généralement, une durée de vie de trois ans », déclare le directeur de RFO dans l’Echo des Caps du 18 avril 2003. Donc, le public est versatile, par définition ; mais on ne demande pas son avis, tu remarqueras, on tranche pour lui. Bref, « « Si le temps le permet » s’est en effet arrêtée d’elle-même… », nous dit le dirluche, comme si cela était possible dans un organisme aussi hiérarchisé. Mais à quoi sert un dirlingue alors ? Et il faudrait gober cette superbe ?

Mais que peuvent craindre les grands maîtres de la cathédrale aux miroirs déformants qu’est la télévision ? Alors ne soyons pas surpris que les ultramarins soient traités avec condescendance. Du moment qu’on ne veut que leur bien, en apparence.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 avril 2003