Chronique du 6 avril 2003 (3)

En ce 6 avril 2003, avec le passage à l’heure d’été – n’ayons pas peur des mots -, Saint-Pierrais et Miquelonnais auront eu droit à roupiller une heure de moins pour se réveiller comme en plein hiver. Car la neige est à nouveau tombée sur les îles et le printemps n’aura été qu’une illusion. Encore une journée à faire crever un cheval sur les buttereaux ! de s’exclamer un protecteur des animaux.

Au large, la banquise n’est pas loin. Verra-t-on des phoques dans le Barachois ? (Non, pas le Grand, l’autre, celui de Saint-Pierre) Ne risque-t-on pas cette année de faire les 25 km de Miquelon à ski, ce qui serait une nouveauté pour un 28 juin ? Ne jouera-t-on pas avec des boules de neige pour la fête basque ? Bon, d’accord, c’est au mois d’août, faut être optimiste. Et si l’hiver décidait de passer l’été avec nous ? Saint-Pierre et Miquelon, l’Archipel des neiges éternelles ! Ça ne serait pas un beau slogan ? Ah ! Se cailler les miches chez le boulanger ! Ah ! Se cailler les meules sans faire du foin ! Ah ! Le plaisir d’être givré douze mois sur douze ! Ah ! Répondre à la pelle du 18 juin ! Ah ! Le souvenir des chevaux éteints (ils seraient tous morts, les pauvres) ! Ah ! La senteur des boules à mites des chemisettes au placard pour l’été ! Ah ! Le beau poudrin de choquettes du 14 juillet ! Ah ! Les économies de bitume ! Ah ! La chaude réminiscence des trous de poules !

Tout serait en permanence blanc comme neige, la nouvelle ferait boule de…, chez les pingouins argentés et les incertitudes économiques fondraient comme… au soleil, les jours de grande clémence.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 avril 2003